Le 4 juillet dernier, les Routes de la Lavande étaient conviées au lancement officiel de la candidature pour l’inscription des « paysages olfactifs et poétiques » de lavande au patrimoine mondial de l’Unesco. Cette démarche, initiée par le CPPARM, l’UESS, PPAM de France, a reçu le soutien de nombreux élus nationaux et locaux. Une occasion pour Lionel Terrail, Président de Grandes Itinérances, et animateur des Routes de la Lavande depuis 2009, de réaffirmer le lien profond qui unit tourisme et lavande en Provence.
Dans les années 1990, des lavandiculteurs se sont associés aux institutions du tourisme afin d’imaginer ensemble Les Routes de la Lavande. Une idée simple : proposer aux visiteurs des routes panoramiques, sillonnant les paysages de lavande et ponctués d’étapes chez des producteurs qui leur feraient découvrir leur métier et leurs produits.
Le tourisme lavandicole était né, basé sur la contemplation, la découverte et la rencontre. Une formidable aventure qui dure depuis près de 30 ans et qui a permis de former nombre d’agriculteurs à l’accueil sur leur exploitation, de créer des parcours de visites sensoriels ainsi que des boutiques attractives, pour développer la vente au détail.
Depuis, ce sont chaque été, des milliers de touristes du monde entier qui se succèdent le long des routes de Provence pour admirer les paysages qui ont fait la renommée de cette terre méditerranéenne, pourtant réputée aride voire hostile si l’on en croit la littérature de Jean Giono ou les poèmes de Frédéric Mistral.
Depuis 13 ans que j’anime les Routes de la Lavande, je suis émerveillé par le pouvoir d’attraction de la lavande, mêlant hédonisme et sensorialité. Peu de cultures agricoles peuvent se targuer de générer des cris de joie et des larmes de plaisir par le simple de fait d’être admirées. Le petit miracle de la floraison, qui se répète chaque année, amène des visiteurs, souvent déracinés, vivant dans un monde dématérialisé, à se reconnecter à la nature et à s’émouvoir devant une petite fleur éphémère aux pouvoirs extraordinaires.
L’activité touristique en Provence doit beaucoup à la lavande et aux lavandiculteurs. En 2009, une étude sur les motivations des visiteurs pour leur voyage en Provence, plaçait la lavande en 2eme position après le soleil. Une autre étude indiquait que les retombées économiques du tourisme lavandicole était 10 fois supérieures à celles générées par la filière en elle-même.
Cette année, les Routes de la Lavande comptent une soixantaine de bonnes adresses sur 9 étapes soit près de 1500km de parcours entre la Drôme et les Alpes Maritimes, en passant par l’Ardèche, le Vaucluse, les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence
S’inscrivant pleinement dans l’univers de l’écotourisme et du slow tourisme, elles s’enrichissent de nouvelles activités à mobilités douces, comme le vélo, le vélo à assistance électrique ou la randonnée, pour réduire leur impact sur l’environnement et limiter les émissions de GES.
La rencontre avec les producteurs et l’émerveillement devant les paysages sont au cœur de la promesse des Routes de la Lavande. On oublie parfois que ces paysages, si emblématiques, ne sont pas là par hasard et qu’ils sont le fruit d’un long et patient travail de la part des producteurs qui, tels des architectes, les façonnent, les entretiennent et magnifient, années après années.
Je tiens, au nom des acteurs du tourisme, à les remercier, d’abord de continuer à nous émerveiller et de nous permettre de les admirer chaque année. Et les remercier aussi de laisser l’accès à leur culture pour que les visiteurs puissent continuer à s’immerger dans les champs et à poser pour leur postérité. Et, enfin, en tant qu’ex-membre du fonds de sauvegarde du patrimoine lavande de Provence, remercier tous les professionnels qui s’engagent dans des pratiques agroécologiques et durables pour pérenniser la culture de la lavande en Provence, face aux effets du réchauffement climatique.
Ces paysages font partie intégrante du patrimoine français. Leur classement au patrimoine mondial de l’UNESCO serait bien sûr une magnifique reconnaissance du savoir-faire des agriculteurs. Ce serait également un atout supplémentaire pour le tourisme provençal car il permettrait d’ajouter du corps et du sens dans la contemplation de ces paysages devenus (sans doute trop) instagrammables.
Merci d’avoir associé les acteurs du tourisme au lancement de cette belle aventure que je souhaite ponctuée de succès. Je souhaite qu’elle permette de renforcer encore les liens entre agriculture et tourisme, qui sont à mon sens indissociables dans nos destinations. Je souhaite enfin qu’elle soit soutenue dans la durée par l’ensemble des parties prenantes intéressées que j’invite à se mobiliser pour faire aboutir ce projet porteur de sens et de valeurs pour la Provence.